Jacques Pelletier élu président de Mouvement Chicoutimi

Jacques Pelletier, auteur du livre «Le toponyme Chicoutimi», a été élu président du Mouvement Chicoutimi lors d’une assemblée annuelle tenue le 1er février 2017. Le Mouvement Chicoutimi a été fondé en décembre 2002. Il a pour mission la réhabilitation du toponyme Chicoutimi comme nom de la ville issue des fusions des municipalités du Haut-Saguenay et qu’on désigne actuellement du nom de Saguenay. Ce fut une erreur historique aberrante que le Mouvement se propose de corriger, au cours des 5 prochaines années et ce, grâce aux électeurs de la ville qui auront reçu une information adéquate pour appuyer cette démarche.

Lire l’article de Denis Villeneuve pour connaître les détails : http://www.lapresse.ca/le-quotidien/actualites/201702/02/01-5065714-mouvement-chicoutimi-jacques-pelletier-succede-a-andre-gauthier.php

Voici l’intégral du discours prononcé par Monsieur Jacques Pelletier, lors de son élection à titre de président du Mouvement Chicoutimi.

Discours du nouveau président du Mouvement Chicoutimi prononcé lors de l’assemblée générale du 1er février 2017

Monsieur Gauthier, anciens et nouveaux membres du conseil d’administration ainsi que vous tous chers membres et sympathisants du Mouvement Chicoutimi,

C’est avec beaucoup de fierté que j’ai accepté de remplacer André, président et fondateur du Mouvement Chicoutimi depuis 14 ans, soit depuis décembre 2002. Notre ami Guy Laberge a décrit avec beaucoup d’éloquence, tout à l’heure, l’œuvre d’André. Permettez-moi tout de même d’ajouter qu’il fallait du courage, après le verdict du conseil de ville de choisir le nom Saguenay, de décider de former un mouvement qui aurait comme mission la conservation du nom de Chicoutimi pour éventuellement prendre la place qui lui revient soit celle de désigner la ville issue des fusions de 2002. Quoique démocratique et découlant d’une consultation maintes fois critiquée, la décision du Conseil de Ville d’entériner le choix de Saguenay est aberrante, d’autant plus qu’elle fut précédée d’une période où l’information fournie par le Conseil de ville fut très déficiente. Mais elle ne se renverse pas facilement. Ce mouvement est unique au Québec. Il a fallu à André et à toute son équipe beaucoup de conviction et de détermination pour assumer cette tâche. J’ai parlé de son équipe. Permettez-moi de souligner le travail de certains membres actuels du conseil:

  • Guy Laberge, qui a secondé André depuis le début et qui a fait, entre autres, un travail remarquable pour la préparation des mémoires, des communiqués et des sondages;
  • Pauline Brassard qui, depuis 7 ans, agit à titre de trésorière et de gestionnaire de la base de données et des communications avec les membres ;
  • Jean Savard et Jean-Eudes Simard qui ne renouvellent pas leur mandat au conseil d’administration mais qui seront encore disponibles pour l’organisation des salles, lors de nos assemblées ou soupers, tâches qu’ils accomplissent depuis pratiquement le début; 
  • Pierre-Marc Tousignant qui a accepté de nous aider, entre autres, à rajeunir nos sites web et Facebook;
  • Hélène Savard qui assume, avec brio, la tâche de secrétaire du conseil d’administration; 
  • Et tous les autres qui travaillent ou ont travaillé à titre de bénévoles pour supporter le Mouvement dans sa mission de conservation du nom Chicoutimi.

Le Mouvement a atteint, après 14 ans, un moment charnière, soit celui de décider d’abdiquer sa mission et de clore les livres ou de continuer à militer et à poser les gestes requis pour que le Conseil de Ville présente, au Gouvernement du Québec, un projet de loi pour changer le nom de la ville, et ce durant le mandat du nouveau conseil de ville qui sera formé lors des élections municipales de novembre prochain. C’est cette deuxième option que nous avons choisi.

Toutefois, le Mouvement n’y parviendra pas tout seul. Il s’engage à collaborer avec toute autre organisation qui partage son point de vue, que cette collaboration soit regroupée ou non sous une coalition.
L’année 2017 sera consacrée à la mise en place d’une équipe expérimentée tant au conseil d’administration qu’aux divers comités tels ceux sur la planification stratégique, les communications, le financement et le réseautage.

Ce projet de donner au nom Chicoutimi la place qui lui revient est légitime et légal. La charte de la ville est explicite à ce sujet. Il y est écrit que le ministère des Affaires municipales peut changer le nom de la ville si le conseil municipal le demande. 

Mais pour convaincre les membres du conseil, il faut d’abord convaincre tous les électeurs que le changement de nom s’impose. Il faudra démontrer que le nom Saguenay a sa place dans notre histoire mais pour d’autres raisons que son association au territoire de la ville fusionnée. Il faudra aussi non pas seulement l’affirmer mais surtout démontrer que le nom Chicoutimi est le seul toponyme approprié pour désigner cette ville.

Le Mouvement Chicoutimi priorisera, en 2017, la diffusion de son argumentation. Cette diffusion prendra plusieurs formes. Certains des moyens de diffusion peuvent être mis en œuvre dès maintenant, tels des conférences et de l’information sur notre site web ou Facebook. D’autres sont soumis aux contraintes financières et pourront se déployer au fur et à mesure que les dons nous le permettront.

Le Mouvement Chicoutimi va agir dans le respect de ceux qui pensent autrement et il va privilégier, avec passion naturellement, l’argumentation plutôt que la confrontation et la personnalisation du débat. Les électeurs ont le droit d’être bien informés et nous demandons, nous supplions même, toutes les organisations tant politiques, publiques, religieuses ou privées de permettre à leur personnel ou à leurs membres d’avoir accès à cette information. Naturellement certains affirmeront que c’est un sujet politique. Tous les sujets sont politiques lorsqu’ils doivent recevoir l’approbation des électeurs. Que le sujet touche l’environnement, la sécurité, le financement de certains projets, ou autres. Ce projet de loi qui a pour but de changer le nom de la ville est une affaire historique et toponymique. Nous convenons qu’il soit soumis aux mêmes règles démocratiques que les autres projets qui ont un impact significatif sur l’avenir de notre ville et qu’il passe par l’acceptation populaire; mais nous estimons qu’il doit, en contrepartie, avoir les même privilèges soit de pouvoir être débattu et d’avoir accès à toutes les tribunes possibles. Nous comprenons que les dirigeants de chaque organisation ont le devoir de les informer de l’impact qu’elle juge qu’un tel changement peut avoir. Mais chaque organisation devrait, sans contredit, donner accès à l’information et laisser à ses membres leur libre arbitre. 

Ce débat doit s’élever au-dessus des considérations politiques partisanes. Le Mouvement Chicoutimi n’est pas un parti politique. Il y a des membres de tous les partis politiques, que ce soit fédéral, provincial ou municipal, qui approuvent cette démarche. 

Le Mouvement Chicoutimi ne vise pas seulement à faire changer le nom de la ville. Il s’est donné aussi pour mission de s’assurer que chaque ancienne municipalité fusionnée en 2002 ou en 1976 puisse conserver son toponyme et le mettre en évidence. 

C’est la raison pour laquelle la mission du Mouvement Chicoutimi ne sera pas terminée une fois le projet de loi adopté et que la ville se désignera Chicoutimi. Chacun des noms des anciennes municipalités a droit de faire partie de notre mémoire collective. Le Mouvement Chicoutimi y veillera si le conseil municipal néglige cet aspect si important de notre histoire. 

On a voulu nous imposer le nom de Saguenay en l’inscrivant sur tous les panneaux d’identification des rues à tel point que l’espace disponible pour le nom de la rue est insuffisant. On a contraint certaines organisations sportives ou culturelles à changer leur nom pour y inclure le nom de Saguenay. On a laissé un programmeur du gouvernement du Québec faire disparaître le nom des arrondissements dans la banque de données des adresses de chaque citoyen. On le constate, entre autres, sur les cartes d’hôpital et sur les listes électorales. On a laissé Google enlever le nom de Chicoutimi comme identifiant de l’arrondissement du même nom par celui de Saguenay. Le nom Chicoutimi apparaît maintenant en petites lettres dans un détour du rang Saint-Paul près de Laterrière. On a laissé Météo Média faire la même chose en mentionnant les arrondissements de Jonquière et La Baie mais en remplaçant Chicoutimi par Saguenay. Comme assassinat de la mémoire, on ne fait pas mieux. 

Chicoutimi, cette zone désignée par Donnacona en 1535 comme étant à 8 ou 9 journées de Québec, sur la rivière qui mène au Royaume du Saguenay, et qui est le terme de la belle navigation et le commencement des portages comme l’écrit le jésuite Dablon en 1661. Cette zone désignée Chicoutimi depuis cette date, sur toutes les mappemondes. Pour combien de temps encore; l’année 2002, sera lourde de conséquences pour la pérennité de ce nom, Chicoutimi. À moins qu’on y remédie et qu’on corrige cette erreur historique. 

Oui! Les citoyens de Chicoutimi peuvent être fiers, et nostalgiques peut-être, de leur ancienne municipalité, tout comme le sont, pour la leur, les gens de Jonquière ou de La Baie, ou aussi, entre autres, ceux d’Arvida, de Shipshaw, de Kénogami, de Grande-Baie, de Canton Tremblay, de Bagotville, de Rivière-du-Moulin, de Port-Alfred, de Chicoutimi-Nord, toutes des municipalités qui ont été remarquables depuis le début de la colonisation en 1838, à divers points de vue. Oui!, mais actuellement ce n’est pas de cela qu’on parle, on parle ici d’un nom qui existait avant la venue des Européens, faisant partie du vocabulaire des Amérindiens, et qui identifiait, depuis des centaines d’années, cette zone où meurt le fjord à plus de 100 Km du fleuve Saint-Laurent, cette zone tampon entre la mer et l’intérieur des terres, ce nom que les Européens se sont rapidement appropriés. Nous devons être fiers de nos ancêtres qui l’ont conservé alors que bien d’autres noms ont disparu depuis longtemps de notre mémoire collective. Ne laissons pas nos querelles intestines prendre le dessus et faire disparaître un nom que Denis Vaugeois, ex-ministre de la culture, considérait comme un des cinq plus importants toponymes du Québec, lors d’une conversation téléphonique que j’ai eue avec lui, en avril dernier. Nous devrions tous faire front commun pour lui redonner ses titres de noblesse. Nous devrions tous être fiers d’un nom tel Chicoutimi qui fait l’envie du reste du Québec et des Européens par son cachet unique et par sa sonorité. Nous devrions tous être fiers d’un nom qui a marqué l’histoire pendant tant d’années. 

Ceci n’enlève rien au nom Saguenay qui continuera de faire partie de notre imaginaire, comme il l’a été depuis Cartier qui a désigné la rivière qui y mène, la rivière Saguenay, et depuis la fin du 19e siècle, ce nom Saguenay s’est imposé, pour désigner la belle et grande région où nous vivons.
Tous ensembles, citoyens de cette ville, Amérindiens, Métis, Européens et tous les autres citoyens provenant de toutes les parties du monde, oui, tous ensemble, il est possible de développer un modèle de ville qui reconnaisse la valeur de chacun de ses secteurs tout en utilisant le nom Chicoutimi comme produit d’appel à travers le monde. Le nom Chicoutimi prendra sa place, mais dans le respect du nom des autres municipalités qui composent notre belle ville.

La tâche est excitante, emballante et noble. Faisons en sorte que chacun d’entre nous devienne un fier supporteur de ce grand projet. Nous invitons toute la population et particulièrement les sociétés historiques régionales, les historiens, les archéologues, les sociologues et les anthropologues à participer à ce débat, de même que les entrepreneurs, industriels, et commerçants pour qui un nom d’appel tel Chicoutimi prend toute son importance, ce sujet n’ayant pas seulement des conséquences historiques ou toponymiques, mais aussi sociales et économiques. Je termine en n’oubliant pas, dans cette liste, les conseillers municipaux qui auront la responsabilité de présenter éventuellement un projet de loi privé pour changer le nom de notre ville. 

Merci à vous tous et bonne fin de soirée. 
Vive Chicoutimi comme nom de la ville et vive Saguenay comme nom de la région!
Et, pour terminer, qu’elle est la devise pour cette ville?
«Jusqu’où l’eau est profonde»
Jacques Pelletier, président
Mouvement Chicoutimi

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